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Cela peut vous aider/la maladie d’amour dans Phèdre de Racine

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Message par flsh agadir Mar 17 Fév - 0:01

avant de lire vous pouvez commencer par cet article :


             La Rochefoucauld écrit dans ses Maximes que «la plus juste comparaison que l’on puisse faire de l’amour, c’est celle de la fièvre ». Le lien semble en effet solidement tissé entre amour et maladie. Racine en écrivant Phèdre présente ainsi des personnages touchés par l’amour, tel un mal qui les ronge. La pièce expose plus particulièrement les passions de deux couples de personnages, Phèdre qui aime Hippolyte et Hippolyte qui aime Aricie. Ces couples, dont les réactions face à l’amour sont parfois différentes, devront être étudiés avec soins car si leurs amours sont des affections, elles doivent en présenter les caractéristiques, causes, symptômes et remèdes.
Nous allons donc chercher à savoir si Phèdre est, en ce sens, une tragédie d’amours maladives.
Pour cela, s’il y a maladie, nous nous appliquerons à en observer les effets physiques mais également psychologiques et moraux, avant de définir les caractères fondamentalement tragiques des amours de Phèdre

              L’amour se manifeste en son commencement de la même manière pour les trois personnages principalement touchés par l’amour dans la pièce. Autant pour Phèdre que pour Hippolyte et Aricie, l’amour a été vécu comme un coup de foudre, né à partir d’un regard. Les yeux acquièrent donc une importance primordiale. Si Phèdre explique être victime d’un «incurable amour (v. 283), c’est qu’elle a vu Hippolyte : «  je le vis, je pâlis, je rougis à sa vue » (v.273). Ce vers si célèbre de Phèdre à Oenone comporte deux occurrences de voir, en début et fin de vers, ce qui accentue l’importance de ce sens. Vers 303, Phèdre explique qu’après s’être cru guérie, ses jours étant moins «agités » (v.298), la « blessure » (v.304) a été rouverte lorsqu’elle a «revu » Hippolyte. Ainsi, pour Phèdre, la contamination amoureuse a eu lieu par les yeux. Nous pouvons observer qu’il en est de même pour le couple que composent Hippolyte et Aricie. Tous les deux désiraient ardemment se protéger de l’amour mais se sont vus atteints malgré eux par un regard. Les «mépris » (v.435) d’Aricie ont succombé aux «yeux »  d’Hippolyte. Notons qu’une fois encore le seul vers 436 comprend deux occurrences du nom «yeux » et une du verbe voir, «vu ». Cette insistance est significative de l’impact que ces regards ont eu sur les personnages. Ismène remarque quant à elle qu’Hippolyte est touché par l’amour avant que celui-ci ne l’avoue. Elle a observé les  «premiers regards » (v.410), les «yeux » (v.411) d’Hippolyte qui avouent son amour pour Aricie sans qu’il ne le déclare (v.414 «il en a les yeux, s’il n’en a le langage »). Il sera confirmé vers 522 que c’est bien en «voyant » Aricie qu’Hippolyte a «cédé à la violence » (v.525) de l’amour.

Si les yeux sont la cause de la contagion de l’amour, de sa transmission, ils jouent également un rôle dans l ‘évolution de la maladie. Ils entretiennent en effet le souvenir de la personne aimée, créant des illusions douloureuses. Phèdre est victime de ces mirages. Alors qu’elle demande à Vénus de la guérir, ses «yeux » (v.290) ne lui montre qu’Hippolyte («le voyant sans cesse » v.286). Dans sa divagation des vers 176 à 178, le «char »rappelle inévitablement celui d’Hippolyte, «savant dans l’art par Neptune inventé » (v.131), auquel Théramène fait allusion vers 130. La maladie provoque les mêmes réactions chez Hippolyte qui, en s’éloignant d’Aricie, ne cesse de la voir, son «image [le] suit » (v.543), «tout retrace à [ses] yeux les charmes qu [‘il] évite » (v.545). L’amour crée donc des visions qui empêchent le malade de se libérer de l’image de l’aimé.


                   Si les yeux sont le terrain le plus propice à la contamination de l’amour, une cause plus profonde explique l’apparition de la maladie chez les personnages. Le sang est ainsi à la fois une explication de l’affection par l’hérédité, et le signe apparent de sa présence.


              L’amour ne frappe pas au hasard et les personnages atteints par ce mal viennent de lignées sur lesquelles le malheur s’est déjà abattu auparavant. Aussi est-il souvent fait référence au sang comme rappel de l’héritage difficile de ces personnages. Les Dieux semblent s’obstiner à maudire et frapper ces familles. Dès le début de la pièce Phèdre est présentée par le biais de ces parents, Hippolyte la désignant par la périphrase « La fille de Minos et de Pasiphaé » (v.36). Son sang et celui de sa «triste famille » (v.169) lui sert maintes fois à expliquer le malheur qui s’abat sur elle. Les Dieux sont responsables d’avoir «allumé le feu fatal à tout [son] sang » (v.680) alors que Vénus est présentée comme se vengeant «d’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables » (v.278). Hippolyte lui-même rappelle les origines de sa belle-mère pour tenter de s’excuser auprès de Thésée, expliquant que «phèdre est d’un sang(…)
         De toutes ces horreurs plus rempli que le [sien] » (v.1151-1152). Oenone emploiera également l’expression «déplorable race » (v.266) après l’aveu de sa maîtresse, excusant Phèdre en rejetant la faute sur le destin familial. Phèdre semble également résignée à ce destin, expliquant que «puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable,
                                      [elle] péri[t] la dernière et la plus misérable » (v.257-258).
Aricie ne doit pas être plus heureuse en amour. Le «sang fatal » (v.51) dont elle est née lui interdisant par le biais de Thésée de se marier et enfanter. Elle est une «tige coupable » (v.107), dont le sang a été versé, le «terre » en étant «humectée » (v.425).
A l’inverse Hippolyte est fier de ses origines qu’il ne veut pas trahir. Il se défend devant son père qu’ «élevé dans le sein d’une chaste héroïne
                [il] n’[a] point de son sang démenti l’origine » (v.1102), signifiant ainsi son innocence.

La maladie d’amour est donc liée aux Dieux qui cherche à punir de cette façon certaines familles. C’est ici principalement Phèdre  qui voit les Dieux s’élever contre elle. L’amour est vécu comme une fatalité, une punition divine. Il est parfois fait appel à «l’équité » (v.1351) des Dieux, Hippolyte, Oenone ou Thésée leur demandent de l’aide («dieux tout-puissants que nos pleurs vous apaisent » v.157, «dieux éclairez mon trouble » v.1411). Mais les Dieux apparaissent principalement comme la cause du mal, ils décident du destin, fatal aux personnages. Ce sont eux qui décident, eux qui  «ont ravi l’usage » (v.181) de son esprit à Phèdre, qui l’ont rendue coupable («plût aux Dieux que mon cœur fût innocent comme elles »v.222), eux encore qui «ont allumé le feu fatal»(v.680) en
« (…) se [faisant]une gloire cruelle
  de séduire le cœur d’une faible mortelle » (v .681-682).
Deux Dieux sont plus particulièrement cités, Vénus la déesse de l’amour ayant nécessairement une place primordiale. Toute la scène 2 de l’acte III est ainsi une adresse que Phèdre lui fait. Elle est présentée comme d’une puissance rare, avec ses «feux redoutables » (v.277), parvenant à dompter tous les cœurs («quels courages Vénus n’a t’elle pas domptés » v .123 ), puissance dirigée contre Phèdre particulièrement («ô haine de Vénus ! ö fatale colère ! » v.249, «c’est Vénus toute entière à sa proie attachée » v .306.)
Neptune est ensuite le Dieu le plus représenté. S’il est montré tout d’abord comme favorable à Hippolyte, lui-même «savant dans l’art par Neptune inventé » (v .131), il en sera la perte suite aux prières de Thésée. Hippolyte explique vers 621 que «Neptune (…) protège » Thésée, celui-là ayant promis à celui-ci de lui «exaucer le premier de [ses] vœux » (v. 1068). Thésée ayant demandé à Neptune une «prompte justice » (v.1190) contre son fils, Hippolyte voit «un Dieu vengeur (…) [le] sui[vre], (…) [qu’il] ne peu[t] éviter » (v.1160). Les Dieux vont même s’acharner conte Hippolyte comme l’expliquent les vers 1539-1540 :
«  On dit qu’on a vu même (…)
Un Dieu qui d’aiguillons pressait leur flanc (…) » ; et contre Phèdre qui ne sait où trouver la paix puisque «le ciel, tout l’univers est plein de [s]es aïeux » (v.1276).

L’amour est donc l’œuvre des Dieux et les personnages doivent se résigner à le vivre telle une fatalité liée à leur sang. Le sang au sens propre est en outre le révélateur de la maladie qui, par son biais, va devenir visible aux yeux de tous. Le champ lexical du «feu » sert principalement à décrire cet état amoureux, avec de nombreuses occurrences des noms «flammes », «ardeur », et des verbes «brûler », «consumer », «embraser ». Le sang opprimé par l’amour circule dans le corps, du cœur à la tête, jouant ainsi sur sa couleur et sa chaleur. Phèdre rougit ce cet amour («la rougeur me couvre le visage » v. 182, «rougir », «rougissez » v. 185 ). Elle «langui[t], elle «brûle » (v.634), mais voit aussi son sang se retirer sous l’effet de cette maladie, «je pâlis à sa vue » (v.273), «vers mon cœur tout mon sang se retire » (v.581). Le cœur va ainsi récupérer ce trop plein d’amour, de sang, «un cœur trop plein de ce qu’il aime » (v.697). Le sang et sa circulation sont liés à l’être aimé. Dès que Phèdre revoit Hippolyte, «[s]a blessure trop vive aussitôt a saigné » (v.305). Tout son sang semble disparaître après l’accusation d’Oenone, "un mortel désespoir sur son visage est peint
                                                                               La pâleur de la mort est déjà sur son teint. »
(v.1463-1464). L’amour est explicitement localisé dans le sang au vers 305, Phèdre parlant d’une «ardeur dans [s]es veines cachée ».
Les mêmes réactions sont visibles chez Hippolyte lorsqu’il est confronté à l’amour de Phèdre. Son père le retrouve «interdit, sans couleur » (v.716), exactement comme Aricie qui vers 1414 «change (...) de couleurs et sembl[e] interdite ». Ce sont principalement des changements brusques qui affectent Hippolyte, son sang va et vient très rapidement au gré de ses émotions, de son amour pour Aricie et de celui de Phèdre pour lui. A sa «pâleur » (v.716 et 988) succède sa «rougeur » (v. 746). Le sang joue donc un rôle très important dans la pièce puisqu’il est l’un des signes visibles de la maladie d’amour.


                   D’autres signes montrent que certains personnages sont touchés physiquement par cette maladie. Eux-mêmes se décrivent comme souffrants et expliquent leurs douleurs.

         Le nom même de douleur est plusieurs fois utilisé dans le texte. Phèdre parle ainsi de ses douleurs : «profonde » (v.149), «honteuse » (v.183), «mortelle » (v.1033) ou «éternelle » (v. 1173). Au vers 37, ce sont des «douleurs » d’Hippolyte qu’il s’agit tandis qu’Aricie connaît celles-ci au vers 1588. La maladie a d’autres effets que décrivent les personnages. Phèdre n’a plus que de « faibles esprits » (v.366), elle a de ses « sens abandonné l’empire » (v.761) puisque son « âme » est « déjà sur [s]es lèvres errante » (v.770). Enfin ses «yeux ne voyaient plus, [elle]ne pouvai[t] parler » (v.275. Hippolyte avoue connaître un «trait dont [il est] déchiré » (v.540).

D’autres indices de la maladie sont eux plus visibles. Phèdre «  ne [se] soutien[t] plus : [s]a force [l’]abandonne » (v.154), ses « genoux tremblants se dérobent » (v. 156). Racine précise qu’elle « s’assied » alors, avec l’une des rares didascalies de son œuvre, ce qui renforce son importance et donc celle de la réelle maladie de Phèdre. Elle « respire » « à peine » (v.763), n’a dormi ni mangé depuis trois jours( vers 191 à 194), si ce n’est qu’elle se «  nourri[t] de fiel » et « s’abreuv[e] de larmes » (v. 1245) ,et est donc d’une « faiblesse extrême »(v.1629)
De la même façon, Hippolyte auparavant « superbe » (v.58 et 272), « fier » (v.67) devient « le tremblant Hippolyte » (v. 925=, l’article défini renforçant l’adjectif qui devient épithète de nature. Un changement concret a donc eu lieu chez les personnages.
Aricie quant à elle connaîtra les douleurs liées à la perte de l’amour. Alors, « froide, gémissante et presque inanimée »(v.1585), elle « tombe pâmée » (v.1586). Elle est en outre le seul personnage de la pièce à s’évanouir, Phèdre, bien que «lasse » (v.46), avec sa «force abattue » (v.216), reste sur ses «faibles genoux » (v.244), même si elle «tremble, [elle]frisonne » (v. 261).



              L’amour est donc bien une maladie dont le spectateur/lecteur peut repérer les causes,                
              maladie qui s’attache aux yeux avant d’envahir le corps entier, et que seuls les Dieux      
             semblent contrôler. Différents symptômes physiques permettent de déceler cette
             affection amoureuse chez les personnages atteints. Toutefois, nus allons voir qu’à
             ceux-ci se joignent des répercussions psychologiques et morales qui touchent les
             personnages aussi durement.
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