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L’épopée dans la littérature

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L’épopée dans la littérature Empty L’épopée dans la littérature

Message par flsh agadir Lun 16 Fév - 23:05

L’épopée :

« Le poème épique est un récit en vers d’aventures héroïques. »
Voltaire

Ancêtre de toute narration, l’épopée pose des problèmes fondamentaux :
- rapport fiction / histoire
- merveilleux / réalisme
- écriture singulière / écriture collective
- lit. Pop / lit. Savante
- narration / poésie

I. Perspective historique de l’épopée
Origines du genre : 2 plans :  - sociologique, culturel
- littéraire

1)aspect sociologique :
cf. : Georges Dumézil : « Mythes et épopées » : grand théoricien des représentations et des sociétés indo-européennes : culture originelle commune. Peuple indo-européen regroupé entre Ukraine et lac Baïkal vers 5000 avt JC.
Méthode comparatiste : mise en évidence des similitudes ; ex : idéologie de la tripartie : 3 classes sociales :  -  fonction religieuse
- fonction guerrière,
- reproduction (pasteur et cultivateur)
Dumézil travaille sur l’épopée comme sur un document culturel : ex : Enéide, Virgile.

2)  un apport au niveau historique :
- guerre entre les sabins (enlèvement des sabines) : épisode réel et historique transposé dans l ‘Enéide.
- Reflet des mentalités par les types de personnages : guerrier violent, etc

Quelques exemples du rapport épopée / histoire :Transposition de noyau historique en vue de la recomposition du mythe : Iliade : achéens / troyens : guerre, expédition, pillage. Troie : ville réelle mais également représentation symbolique de la synthèse d’événements historiques. La Chanson de Roland : Charlemagne, perso. réel et historique, reflet de l’époque carolingienne, Ronceveau, ville réelle, défaite réelle en 778 après JC mais dans la Chanson de geste française : Charlemagne apparaît au XIIè, dans un conflit qui oppose le pouvoir royal alors capétien et les grands seigneurs féodaux. Ce conflit n’a aucun sens en contexte carolingien puisqu’il n’y a pas de grands seigneurs alors.

L’épopée est donc un substrat de légendes collectives. Une inspiration individuelle et savante à partir d’un fond collectif et archaïque. Transformation d’une matière orale transcrite par un lettré.

3) Mise en évidence des types : le héros, le sorcier, le roi (Charlemagne,…) Dans les épopées primitives, les personnages sont caractérisés par leur fonction : personnage conventionnel. Importance de l’opposition entre fonction / psychologie.
Le schématisme est une des modalités du style épique, c’est à dire que les personnages n’ont d’existence qu’en fonction de leur rôle dans le schéma du récit.
Dans les épopées plus élaborées, importance de la psychologie ; ex : scène n°1 Iliade : présentation de Achille boudeur. Personnage très construits humainement, pas de type.
4) Esthétique de la totalité : genre totalitaire, ambition : être un genre complet.
- sur un plan formel : poésie / narration / théâtre (scènes) / longueur du texte.
- Les contenus : aperçu sociologique total, homme /femme ; libre / esclave ; …
- Sur le plan sémantique : tous les éléments s’organisent autour d’une fin : orientation générale.
A noter : structure eschatologique de la Chanson de geste. (eschatologie : étude des fins dernières de l’homme et du monde) Lutte manichéenne. Idéalisation de Charlemagne : empereur majestueux face aux « méchants » saxons et sarrasins. Idem : Roland meurt en martyr : il est le motif de représentation de la rédemption, motif du sacrifice également très fréquent. Ou encore, le motif du moniage : le héros finit par se faire moine, ex : Renaut de Montauban, Guillaume d’Orange

5) Ordonnancement du réel : système axiologique, personnages assez peu individualisés. ( axiologie : science et théorie des valeurs morales) Concentration de schèmes communs qui sont autant de reflets d’une société où l’individu compte peu.
A noter : le passage au roman se fera avec les sociétés modernes qui prônent l’individu comme tel (Renaissance), le premier personnage de roman étant Panurge, contraire du héros épique. C’est la fin de l’héroïsme.

6) les Topoï :
- l’épreuve : cf. : Ulysse.
- Le combat / bataille / duel
- Description des armes
- Déploration funèbre
- Révolte : cf. : Renaut de Montauban : moment de l’histoire des mentalités : déclin des mythes, déclin de l’épopée.

Autre ex :L’Enéïde, Virgile. Apothéose et déclin ; quand Rome a triomphé du monde : fin. (récit des pérégrinations d’Enée contraint à l’exil après la chute de troie : arrivée en Italie : fondation de Rome)
La Pharsale, Lucain. (60 ap.JC) Déclin de l’idéologie chevaleresque ; fin de la chanson de geste. Charnière au 15ème :succès du roman de chevalerie (id. mais en prose). (Lutte de César et Pompée . Drame de la guerre civile, drame spirituel dominé par les figures des deux hommes)

7) Historique :
L’épopée disparaît de la littérature latine. Retour au M-Age avec la chanson de geste. Toutes chansons de gestes ; environ vers 1200, 1300 ; ex : La Chanson de Roland, la plus ancienne et la meilleure : fin XI. Pour l’origine :
- Gaston Paris : origine orale : Cantilène.
- Bedier insiste sur l’origine savante de la chanson de geste, surtout celle de Roland.

3 cycles de la chanson de geste :     - La Geste du Roi (Charlemagne)
- La Geste de guillaume d’Orange
- La Geste des barons
Evolution de l’épopée vers le romanesque avec l’intrusion d’une nouvelle topique : sentimentale, ex : La prise d’Orange ; Guillaume s’est épris de la princesse, et s’empare de la ville.
Autre nouvelle thématique : le merveilleux - féerique : la fée Morgane : Huon de bordeaux (1220) et autres perso. de la mythologie celtique.

Dans l’épopée primitive les scènes ne s’enchaînent pas bien à cause de la récitation orale d’un épisode à la fois. Evolution vers un rythme plus continu, vers une narration plus soudée.
Renaissance de l’épopée au M-Age, elle colle aux représentations de l’époque. ensuite, elle ne fait plus que survivre, parce qu’en décalage avec la société. Les différentes tentatives de résurrection seront des échecs : ex : La Franciade, Ronsard, 1572, restera inachevée, 4 chants au lieu des 24 prévus. Idem : Chapelain : Les Doctes ou Voltaire, La Henriade, 1723.

Epoque romantique (du préromantisme au classicisme à l’académisme), lyrisme collectif, nouvelle tentative de restauration de l’épopée qui sera d’abord académique : 1809 : Chateaubriand, Les Martyrs ou encore : Lamartine, Jocelyn (projet d’une épopée intime, env 8000), V.Hugo, La légende des siècles : recueil de poèmes courts, ce qui rend le texte plus lisible, séparation en chants ( les mentalités ne sont plus héroïques, Hugo adopte donc le progrès comme fil conducteur, progrès vers le bien. Il n’y a pas de héros individuel. Retour au collectif ; le peuple est le héros)

A l’époque moderne, échec de la tentative de restauration. La renaissance et les lumières sont l’ère de la raison or l’épopée est celle du merveilleux. Roman picaresque : centré sur l’individu qui construit sa vie seul et parfois contre la société :

« Le français n’a pas la tête épique. » (Voltaire)

La modernité va vers un individualisme étroit, cf. : Joyce, Ulysse, 1922 : anti-épopée, représentation de mentalités étroites. Cependant même après ce déclin le roman garde toujours la nostalgie de l’épopée, style épique omniprésent, même dans la presse.
Avec Hugo, style épique dans le roman (pas de psycho / pas de vraisemblance) ; cf. : La fin des Misérables : magnificence descriptive, ou encore Notre-Dame de Paris, où la description de Paris fait environ 150 pages. Imagination visionnaire ; découvrir systématiquement du symbolique dans le quotidien ; cf. : Les Travailleurs de la mer, lutte de l’homme contre le cosmos, eschatologie du gigantisme. Cf. : Les Misérables, épopée historique, sociale :

« Ce livre est une montagne » (Hugo)
« …le poème de la conscience humaine ».(Hugo)
« Il s’agit de fondre toutes les épopées dans une épopée supérieure et définitive ». (Hugo)

Chez Balzac encore, le moindre détail participe à une totalité grandiose. Médiocrité du quotidien toujours transfigurée : cette transfiguration tient à l’imposition du mythe sur les personnages :
A propos du Père Griot : « Le christ de la paternité »
Cesar Birotteau : « Le martyr de la probité commerciale »
Le style Balzac : Enumération
Particularisation
Mise en relief
Généralisation
Usage dramatique des contrastes
Temporalité de l ‘anticipation








II. L’esthétique de l’épopée
Oralité : récitant épique dans l’antiquité : Aède, au M-A : jongleur, troubadour, trouvère. Cette oralité aura des conséquences sur la rhétorique du genre, qui sera à la fois oral et écrit, à la fois poésie et narration.
Genre versifié : fonction original du vers ; mnémotechnique, mémorisation plus facile. Le vers épique, le décasyllabe dans une succession de laisse. Genre oral et formulaire, riche en phrases toutes faites, à syntagmes fixes. Ex : l’épithète homèrique : « Achille aux pieds légers »

1)les techniques narratives : Omettre est l’inventeur :
- du monologue intérieur
- du début « in médias res »
- du retour en arrière
- du travelling, focalisation
- alternances de scènes dialoguées et d’actions relatées.

Aristote : La Poétique : « L’épopée va de pair avec la tragédie »
le point commun : « des hommes de hautes valeur morale ».
Esthétique de la démesure. Loi de l’amplification, de la transfiguration. Idéalisation et agrandissement. Tout est tiré vers le sublime. Omettre idéalise tout ce qu’il touche ; ex : Les funérailles de Patrocle : sable trempé / armure trempée / par les larmes.
La comparaison épique a une double fonction : poétique et amplification :
fonction poétique : l’embellissement.
amplification : agrandissement qui tient aussi à la fonction symbolique du héros (représentant d’un groupe humain)

2) La vraisemblance :
L’épopée ne se cantonne pas dans le merveilleux : elle a également une visée réaliste, didactique, fonctionne comme un documentaire :
« Le poète introduit l’irrationnel en sachant lui donner un certain air de vérité ».
Chez Omettre par exemple, grande précision anatomique. Fonction des descriptions ; ornementales :ex : le bouclier d’Achille, cette description n’a pas d’autre fonction que l’esthétique. l’épopée est aussi le lieu du style.

3)Articulation : description / narration : problème déjà posé par Aristote selon qui L’Action :
- doit être compliquée
- nécessite des coups de théâtre, bcp de malheurs
- narration d’événements simultanés
- rigueur de construction autour d’une action unique (Omettre ; unité d’action ; le retour d’Ulysse)

tout ce qui vient après est toujours présenté comme la conséquence de ce qu’il y a eu avant :
« La confusion de la consécution et de la conséquence », Barthes
Or chez Omettre, si une chose arrive après une autre, c’est qu’elles ont eu une fin commune. Ex dans l’Iliade, il y a bel et bien un enchaînement de causes à effets. A  l’origine, l’épopée est la juxtaposition de chants autonomes et libres. L’ex-cursus : la digression ; Aristote y voit le moyen de traiter les autres faits et aussi une fonction de délassement.

Conclusion : Aristote déclare la tragédie supérieure à l’épopée. Intérêt de la représentation visuelle, du théâtre : la mimésis directe alors que l’épopée passe par la médiation du narrateur. L’esthétique de la concentration de la tragédie la rend, selon Aristote, supérieure à l’épopée.  


Nota Bene :

Lit. Occidentale est influencée par 3 modèles antiques : l’Eneide, L’Iliade et l’Odyssée.
La tragédie imite une action en la mettant en scène tandis que l’épopée la met en récit.
La tragédie : une journée, l’épopée ; des années. Dans l’épopée, pas d’unité de temps ni de lieu, une seule unité, l’action :cf. ; Aristote, chap.23

Iliade :16000 vers : une seule action, le récit débute à un moment particulier après neuf années de siège. Absence des causes de la guerre et du début, 16000 vers sur la colère d’Achille.

Inspiration épique et tragique se retrouve dans différents genres, d’ailleurs certaines scènes de la tragédie relèvent de l’épopée et vice-versa. Ex ; dans l’épopée, perso. affrontant la mort volontairement : dimension tragique.
Dans l’épopée, toujours présence divine : question de la liberté de l’homme posée également par la tragédie ; la question de la prédestination, du Fatum.

Toutes deux proposent beaucoup de valeurs morales aidant à conduire l’existence, bcp de croyances religieuses.

Juxtaposition continuelle de 2 types de causes, matérielles ou humaines contre surnaturelles. La mentalité grecque est convaincue que la raison humaine a ses limites.

Valeur essentielle : recherche de la gloire qui est l’éloignement de la condition mortelle. Postérité = immortalité. On préfère une vie courte mais glorieuse à une vie longue et obscure.
L’épopée = optimisme, l’homme est toujours capable de se dépasser et de surmonter les obstacles.
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